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Les médicaments utilisés en douleur : première partie

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Cela faisait longtemps que je souhaitais écrire une chronique sur les médicaments et la douleur ! C’est un sujet vaste, très intéressant et qui suscite souvent plusieurs discussions. D’entrée de jeu, il est nécessaire de rappeler que, avant toute nouvelle prise ou modification en lien avec la médication, que cette dernière soit sur ordonnance ou en vente libre, il est nécessaire d’en discuter d’abord avec votre médecin et/ou votre pharmacien. 


En effet, c’est de cette manière, vous pourrez minimiser les risques et optimiser les résultats thérapeutiques. 


La pharmacothérapie, ou prise de médicaments dans le but de produire un effet thérapeutique, est utilisée depuis longtemps pour aider les gens à passer au travers de toutes sortes d’épisodes de douleur. Pourtant, à mon travail, il m’arrive de constater que les gens sont en général assez mal informés sur cet aspect. Pour plusieurs personnes, avoir recours à des thérapies holistiques complémentaires comme l’ostéopathie ou la naturopathie est synonyme de refus absolu de prendre des médicaments. Ce ne devrait absolument pas être le cas !


Souvent, un manque de confiance, d’informations ou la crainte de développer des effets secondaires motivent ce choix d’éviter toute prise de médicaments, et ce, même si la souffrance causée par la douleur elle-même et par ses répercussions est importante. Rappelons que s’isoler, cesser de faire les activités qu’on aime, mal dormir, perdre plaisir en la vie, ce sont aussi des effets secondaires ! Mais de la douleur cette fois-ci...


L’attitude anti-médication est malheureuse, car, d’une part, la douleur aiguë répond généralement favorablement à une prise de médication conservatrice composées de molécules présentant, pour la plupart, peu d’effet secondaire. D’autre part, en ce qui concerne la douleur persistante (qui dure depuis plus de 3-6 mois), le consensus scientifique nous dit que les meilleurs résultats sont obtenus en implantant une approche multimodale : éducation, modifications des habitudes de vie, activité physique, améliorations des capacités d’auto-gestion et d’auto-efficacité, etc. 


Utiliser la médication SEULE pour une situation de douleur persistante est, la plupart du temps, inefficace. Cependant, la prise de médicaments se révèle souvent utile pour calmer les symptômes afin de permettre aux gens de travailler sur ces différents aspects et de les aider à reprendre le contrôle sur la douleur.

Explorons maintenant quelques molécules utilisées régulièrement pour des motifs de douleur. Dans la première partie de cette chronique, je vous expose les classes de médicaments les plus fréquemment utilisés pour la douleur aiguë, à durée généralement brève. Dans la deuxième partie, nous discuterons des molécules utilisées davantage pour la douleur persistante. 



L’acétaminophène

Appelé aussi paracétamol, l’acétaminophène représente actuellement le 1er choix pour les douleurs musculosquelettiques légères à modérées. C’est par ailleurs le médicament le plus consommé dans le monde.  On l’utilise aussi pour ses effets sur la fièvre et les maux de tête légers (céphalées). Son mécanisme d’action est complexe, mais on apprécie surtout sa grande sécurité.


En effet, à court terme (10 à 14 jours), la dose maximale est établie à 4000 mg par jour.  Or, la dose thérapeutique se situe généralement entre 650 mg aux 4 heures et 1000 mg aux 6 heures.  


Selon la formule (délivrance immédiate, libération prolongée, etc.) et selon si on l’a consommé à jeun ou en mangeant, il faut habituellement compter entre 15 minutes et 2 heures avant que l’acétaminophène commence à agir. Bon à savoir : en prendre davantage, ce n’est pas nécessairement mieux!


Les études sur l’acétaminophène et la douleur semble montrer que la dose de 1000 mg ne serait pas plus efficace que la dose de 650 mg pour soulager la douleur. Personnellement, je trouve l’acétaminophène en formule à libération prolongée particulièrement utile puisqu’elle agit sur une période de 8 heures (4 heures pour la formule régulière), ce qui aide à éviter les oublis de prendre une seconde dose. 


Très souvent, l’acétaminophène peut être combiné à d’autres molécules, comme les AINS, pour produire un effet de synergie qui permet de générer une action thérapeutique avec des dosages plus faibles de chacune des deux substances. L’acétaminophène est éliminé par le foie. La réaction chimique nécessaire à sa dégradation produit un métabolite toxique que notre corps élimine généralement facilement.


Toutefois, certaines personnes présentant des pathologies du foie doivent être plus prudent avec son utilisation prolongée ou à dosage élevé. C’est aussi pourquoi il est déconseillé de consommer de l’alcool lorsqu’on utilise de l’acétaminophène.


Finalement, il est important de rappeler que plusieurs formules de médicaments analgésique contiennent de l’acétaminophène parmi leur liste d’ingrédients. Si plusieurs médicaments sont utilisés, il est important de tenir compte de la somme quotidienne d’acétaminophène contenue à travers ces différents médicaments. 


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Les AINS

AINS signifie anti-inflammatoire non stéroïdiens. On les utilise, entre autres, pour les douleurs musculosquelettiques, inflammatoires et menstruelles.  L’ibuprofène, le naproxène, le diclofénac et l’acide acétylsalicylique sont les plus fréquemment retrouvées en en vente libre. Les AINS fonctionnent en inhibant la production de molécules appelées prostaglandines, dont certains types sont impliqués dans l’inflammation et dans la sensibilisation des neurones à la douleur. 


Les AINS produisent leur efficacité maximale de 2 à 3 heures après leur ingestion. Bon à savoir : il n’existe pas d’étude qui démontrent qu’un AINS est systématiquement plus efficace qu’un autre. Également bon à noter : il semble y avoir une certaine variabilité génétique puisque, de manière individuelle, certaines personnes répondent mieux à un AINS qu’à un autre. Certains pharmaciens spécialisés en douleur recommandent ainsi de ‘’tester’’ un AINS sur une période d’environ 3 semaines. Si la molécule ne produit pas de résultat, ils suggèrent de changer pour le prochain essai. 


Les AINS sont généralement efficaces quand la douleur présente une composante inflammatoire : c’est le cas pour plusieurs épisodes de douleur aiguë comme un torticolis ou un dos ‘’barré’’ ou encore certaines conditions stables mais connues pour créer des périodes de douleurs épisodiques, telle que l’arthrose  (cette dernière est fortement influencé par le milieu inflammatoire, ce qui fait que les habitudes de vie joue un grand rôle sur les épisodes douloureux : sommeil, activité physique, alimentation, gestion du stress, etc). En revanche, de nombreux cas de douleur persistante n’ont pas de composante inflammatoire. Dans ce dernier cas, les AINS ne produiront pas d’effet notable. 


Les AINS sont généralement pris à court terme (quelques jours à quelques semaines), sauf dans certaines conditions où la prise sera supervisée par le médecin et le pharmacien afin d’éviter les effets secondaires. Les AINS oraux doivent être consommé en mangeant puisqu’ils peuvent être irritant pour l’estomac (surtout pour une utilisation prolongée). La prise d’AINS devraient être autorisée et supervisée par le médecin/pharmacien pour les gens présentant de l’hypertension artérielle, des maladies cardiovasculaires ou des troubles gastro-intestinaux ou rénaux.



Bon à savoir : les AINS topiques (crème à appliquer sur le site douloureux) ne posent habituellement pas de problème au niveau gastro-intestinal selon les études. Toutefois, puisque la molécule doit pénétrer par la peau, ce dernier mode d’administration fonctionnerait mieux pour les douleurs des régions plus ‘’superficielle’’ comme le poignet et la cheville et un peu moins pour les inflammations des régions plus profondes, comme au niveau dorsal ou lombaire. 


Comme pour l’acétaminophène, il est important de noter que les doses plus élevées d’AINS apportent peu de bénéfices et ne sont généralement pas plus efficaces en termes d’analgésie. On recommande d’utiliser la dose minimale efficace et de combiner avec d’autres médicaments aux effets synergiques plutôt que de prendre un dosage élevé d’AINS.   



Les relaxants musculaires

Les relaxants musculaires les plus connus sont le méthocarbamol (disponible en vente libre) et le cyclobenzaprine (sur ordonnance). Les relaxants musculaires sont probablement mal nommés, car ils apparaissent relaxer davantage le système nerveux qui contrôle les muscles que les muscles eux-mêmes !


Par ailleurs, leur effet sur les spasmes musculaires est controversé dans la littérature. Leur efficacité à agir contre la douleur repose sur des preuves scientifiques moins solides que pour l’acétaminophène et les AINS.


Ces médicaments présentent également davantage de contre-indications et d’effets secondaires. Selon mon expérience, leur principal intérêt réside surtout dans la somnolence que ces médicaments entraînent. C’est pourquoi ils sont plus appropriés à prendre en fin de journée. Parfois, ils peuvent se révéler utile pour quelqu’un qui vit une phase de douleur aiguë qui nuit considérablement à son sommeil.


En effet, le manque de sommeil contribue à nous sensibiliser à la douleur ; il rend celle-ci plus difficile à supporter et diminue l’efficacité de nos systèmes endogènes de contrôle de la douleur. 


Rétablir un horaire de sommeil adéquat et régulier est une priorité pour chaque thérapeute qui travaille avec des gens en douleur et les relaxants musculaires peuvent être un outil intéressant à cet égard. 


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Les opioïdes


Les opioïdes, incluant la morphine et ses dérivés, sont très efficace pour gérer la douleur aiguë sévère. C’est pourquoi ils sont utilisés dans les hôpitaux, post-chirurgie, par exemple. Ils ont eu mauvaise presse dans les dernières années, à cause des cas de décès par surdose et des cas de dépendance et de consommation ‘’récréative’’. C’est pourquoi les médecins surveillent les risques de mésusages avant d’en prescrire à quelqu’un.


Cependant, pour quelqu’un qui ne présente pas de risque de dépendance, l’utilisation des opioïdes pour aider à gérer la douleur aiguë est généralement très sécuritaire. L’utilisation des opioïdes se fait la plupart du temps à court terme, soit pour moins de 2 semaine. L’utilisation des opioïdes sur une période de temps plus prolongée nécessite un suivi rapproché.  


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En conclusion

Même si les médicaments énumérés dans cet article sont plus adaptés aux conditions aiguës, ils peuvent faire partie d’un plan de traitement qui inclut d’autres molécules pour la douleur persistante. Dans la prochaine partie de cette chronique, nous discuterons des médicaments utilisés pour cette catégorie de douleur. 


Besoin d’un coup de main ?


Nous réitérons que, pour toute modification à votre médication sur ordonnance ou en vente libre, vous devez d’abord en discuter avec votre médecin et/ou votre pharmacien ! 


Pour une approche complémentaire (ostéopathie, kinésiologie) nos professionnel(le)s sont là pour vous aider !


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Nicolas Blanchette pratique l’ostéopathie et la kinésiologie avec son équipe Ostéo-Solution sur la Couronne Nord de Montréal. Vous pouvez prendre rendez-vous directement en ligne.




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Références

INSPQ, en ligne, 2024 

Philippe De Grandpré, D.pharm, Les traitements pharmacologiques de la douleur, Université de Sherbrooke, 2024

 

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