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L’inflammation systémique chronique : jeter de l'huile sur le feu de la douleur

Dernière mise à jour : 11 avr. 2022


La meilleure compréhension de l’inflammation systémique chronique (ISC) (chronic low-dose inflammation, en anglais) et de son implication dans plusieurs maladies communes de nos sociétés représente une véritable révolution en médecine dans les vingt dernières années.

En plus des maladies, l'état inflammatoire systémique est lié à une plus grande incidence et sévérité des douleurs articulaires à caractère persistant. Une revue de la littérature de 2019 l’a reconnue comme étant impliquée dans plus de 50% de tous les décès mondialement, à travers des troubles de la santé communs comme les maladies cardiaques ischémiques, les infarctus, les accidents cérébraux-vasculaires, le diabète, le cancer et bien davantage. Ce phénomène dont il reste encore beaucoup à découvrir est désormais de mieux en mieux étudié. Les vastes répercussions ainsi que certains facteurs contribuant au développement de cette condition ont ainsi pu être mieux identifiés.

Ainsi, nous pouvons mieux apprécié que la majeure partie des facteurs qui influence l'état inflammatoire systémique sont sous notre contrôle et qu'il est ainsi possible d'y faire quelque chose!


Toute inflammation n’est pas identique!

Le mot inflammation éveille tout de suite dans notre subconscient quelque chose de dangereux et de négatif. Or, il faut se rappeler que, à prime abord, la réaction inflammatoire est un processus biologique hautement perfectionné qui s’est développé chez le vivant sur des millions d’années. Son rôle principal est, bien évidemment, de promouvoir la survie de notre organisme. À ce titre (et comme déformation professionnelle probablement!) je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec la douleur aigue et la douleur persistante. Mais continuons.

L’inflammation aigue est donc une réaction de protection de notre système immunitaire dont le rôle est de nous défendre des bactéries, virus, toxines et infections en éliminant d’abord les pathogènes, puis en agissant pour promouvoir la réparation des tissus lésés et encourager la guérison. Dépendamment de l’ampleur de la réaction inflammatoire, cette dernière peut être associé à une série de modifications physiques et comportementales chez la personne qui vit le phénomène. Ces modifications impliquent des changements dans le métabolisme, les neurotransmetteurs et les hormones et se produisent pour nous permettre de conserver notre énergie et allouer davantage de ressources au système immunitaire en état d’alerte. Ces changements sont appelés ‘’comportement du malade (sickness behaviour)’’ et peuvent inclurent les éléments suivants :

  • tristesse

  • anhédonie (difficulté à ressentir du bonheur)

  • fatigue

  • réduction de libido

  • perte d’appétit

  • sommeil perturbé

  • développement de résistance à l’insuline

  • dyslipidémie (débalancement du profil lipidique)

Cette réaction inflammatoire normale, dite aigue, se manifeste lors de la réponse du système immunitaire à une menace. Il y aura d’abord une augmentation de l’activité inflammatoire, puis une réduction de celle-ci une fois l’obstacle surmonté (blessure, infection, etc.). Cette réaction est adaptée et tout à fait souhaitable.

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Activité inflammatoire locale aigue suite à une entorse de la cheville

Cependant, dans les dernières décennies, les scientifiques ont lié certains facteurs environnementaux, sociaux, biologiques et psychologiques à la présence d’une condition inflammatoire dont le fonctionnement diffère de la réaction discutée ci-dessus. Cet état a été identifié comme étant de l’inflammation systémique chronique (ISC).


Ce type d’inflammation bien différent se distingue par plusieurs éléments : la réaction inflammatoire est moins forte, mais perdure dans le temps. L’ISC conduit à long terme à un épuisement de nos défenses immunitaires, nous rendant plus vulnérable aux infections et aux maladies. Elle produit des changements physiologiques dans tous nos tissues et nos organes, ainsi que des changements dans la physiologie et le métabolisme de nos cellules.

Quelle sont les conséquences de l’inflammation systémique ?

Elles sont nombreuses. Ce type d’inflammation a été lié dans le développement et la progression de plusieurs troubles de la santé graves comme :


  • le syndrome métabolique (hypertension, hyperglycémie, dyslipidémie)

  • le diabète de type 2

  • les maladies cardio-vasculaires

  • les accidents vasculaires cérébrale

  • la stéatose alcoolique non-hépatique

  • les maladies chroniques du rein

  • la maladie d’Alzheimer

  • plusieurs types de cancer

  • la dépression

  • les maladies neurodégénératives et auto-immunes

  • l’ostéoporose (fragilité osseuse)

  • la sarcopénie (perte de masse musculaire)