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Gros plan sur la sciatique

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Sciatique, c’est avant tout le nom du nerf le plus long et le plus épais du corps humain (tout est relatif, son épaisseur n’est tout de même que de deux centimètres tout au plus !). C’est un nerf mixte aux fonctions sensitives et motrices. C’est-à-dire, son rôle est d’acheminer les sensations pour la peau de la cuisse, de la jambe et du pied.


De plus, il permet aussi d’activer et de doser efficacement les contractions des muscles situés à l’arrière de la cuisse et de la jambe. Toutefois, lorsqu’on entend parler de sciatique (ou sciatalgie, lombosciatalgie), c’est souvent davantage pour évoquer le nom donné à un état douloureux dont les symptômes sont ressentis grossièrement sur le même territoire que le nerf du même nom. 


La plupart du temps, la personne chez qui ce diagnostic a été donné éprouve de la douleur au niveau de la fesse. Cet inconfort peut irradier à l’arrière ou sur le côté de la cuisse et parfois plus bas, sur le mollet, le côté externe de la jambe ou encore au niveau du pied. Le mal de dos (lombalgie) est également fréquemment retrouvé, bien que, parfois, les gens ne rapportent aucune douleur au dos.


Même s’il est fréquent d’éprouver de la douleur dans le territoire du nerf sciatique, seulement 3-5% des gens vivent aussi des symptômes qui traduisent une blessure au nerf lui-même : un phénomène appelé radiculopathie.

Lorsque c’est le cas, la douleur peut s’accompagner d’engourdissements ou de perturbations des sensations (comme des picotements ou des démangeaisons) et parfois de faiblesses musculaires (un pied tombant, par exemple).


L’aspect qualitatif de la douleur est aussi différent, parfois décrit comme une sensation de brûlure, de froid douloureux ou encore de chocs électriques ou de piqûres. Il est possible de n’avoir que des symptômes moteur (faiblesses) ou sensitifs (diminution des sensations) sans ressentir de douleur. Vis-à-vis cette hétérogénéité dans les symptômes, on peut conclure que le diagnostic de sciatique est assez peu précis. Il nous renseigne mal sur l’origine exact de la douleur, uniquement sur la location des symptômes.  


La cause d’une douleur sciatique peut provenir d’une irritation ou d’une blessure du nerf ou encore des racines nerveuses lombo-sacrée desquels le nerf tire son origine (soit celles issues des vertèbres des derniers niveaux lombosacrées : L4 à S3). Certaines maladies systémiques telles que le diabète peuvent aussi parfois créer des engourdissements aux niveaux des orteils qui peuvent faire penser à une radiculopathie. 


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Dans de rare cas (moins de 1%, heureusement), la sciatique cacherait une cause plus grave comme un cancer. Ainsi, si vous avez un historique de cancer ou une sciatique qui perdure plusieurs mois dans le temps et qui s’aggrave, il est nécessaire d’en parler avec votre médecin. 


Dans une grande proportion de cas, l’inflammation fait partie du portrait. En réaction aux marqueurs inflammatoires présents, les neurones qui composent le nerf deviennent surexcités; ils se mettent à émettre des impulsions de manière désordonnés et disproportionné, c’est-ce qui explique la douleur et les sensations étranges ressentis, souvent difficiles à décrire. Lors de radiculopathie, la conduction nerveuse peut aussi être entravée : les symptômes seront des réductions de la sensation cutanées (comme un engourdissement) ou une diminution de la force et de l’endurance des muscles (tel un pied tombant). 


L’irritation nerveuse peut provenir d’une ou de plusieurs sources : une blessure des tissus mous qui génèrerait de l’inflammation à proximité du nerf, une hernie discale symptomatique ou encore une sténose spinale ou foraminale (réduction de l’espace pour un nerf) associée, par exemple, à de l’arthrose, sont parmi les plus fréquents. On retrouverait aussi des causes plus locales, tel le syndrome du fessier profond (syndrome du piriforme), qui implique une irritation du nerf au niveau de son passage à la fesse plutôt qu’aux racines du dos. 




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Pronostics

Même si la sciatique peut être franchement incommodante, le pronostic de guérison demeure tout de même très bon ! Pour les lombosciatalgies inflammatoires, lorsque les facteurs aggravants sont bien contrôlés (plus d’information là-dessus bientôt!), la plupart des cas se résoudront dans une période de 6 semaines ou moins. Toutefois, lorsque la sciatique est causée par une hernie discale symptomatique ou lorsque le nerf est dans un état très sensibilisé, cela pourrait demander plus de patience. Par exemple, certaines études montrent que 75% des gens rapporteront des améliorations de 50% sur leurs symptômes dans une période de 3 mois. D’autres études soutiennent que la plupart des gens (75%) récupèreront complètement sur une période d’environ 6 à 12 mois. Il faut donc s’armer de patience en cas de radiculopathie sciatique.  



Périphéralisation et centralisation

Lorsque l’on vit un épisode de sciatique, il peut être intéressant d’être attentif aux mouvements, aux positions et aux activités qui influencent l’intensité ou la portée de nos symptômes. Certaines sciatiques (mais pas toutes) peuvent présenter une composante mécanique non-négligeable duquel on peut tirer profit pour atténuer les symptômes pendant que l’orage passe ! 


Ainsi, plus le nerf sciatique est dans un état irrité, plus les symptômes voyageront loin de son origine : ce phénomène s’appelle périphéralisation.


Au départ, dans la phase la plus aiguë, certaines personnes ressentiront mêmes des brûlures ou des engourdissements à la plante du pied ! Le phénomène inverse dans lequel le territoire où les symptômes sont ressentis rapetisse peu à peu est appelé, quant à lui, centralisation.

La centralisation, c’est lorsque la douleur s’éloigne de la jambe et se rapproche de la fesse et du dos. C’est souvent un signe positif qui traduit que l’irritation sur le nerf a diminué.


Voici quelques petites expériences d’observation.

Votre douleur se ‘’périphérise’’ ou se ‘’centralise’’-t-elle lors que vous : 

  • Êtes couché sur le dos ?

  • Êtes couché sur le côté en position fœtale?

  • Êtes couché à plat ventre ?

  • Êtes debout ?

  • Êtes assis sur une chaise ?

  • Êtes assis sur un sofa, avec l’appui-jambe en fonction ? 

  • Êtes en mouvement (marche)?

  • Étirer vos fessiers, l’arrière de vos cuisses ou vos mollets ? 

  • Faites certaines activités de la vie quotidienne ou certains exercices ? 


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Lorsque c’est possible, il peut être utile de chercher à contrôler les facteurs qui apportent la douleur à se périphériser. Y-a-t-il une manière de modifier le temps ou la position passée dans ces gestes ?


Par exemple, un nerf dans un état sensibilisé tolérera souvent mal d’être comprimé ou étiré, surtout si cela dure longtemps. Ainsi, il pourra souvent être utile, par exemple, de coussiner davantage l’assise d’une chaise de travail (avec un coussin orthopédique, par exemple) et d’éviter de s’assoir sur une surface trop dure ou sur un sofa de style lazy-boy avec les genoux en extension.


Un bureau pour travailler une partie de la journée debout peut parfois être une option intéressante. Si la position debout prolongée est problématique, s’accorder des temps de repos en position assise ou couché, si cela est possible, permettra souvent d’aider à gérer la sensibilité sciatique pendant la période de guérison. 


À l’opposé, lorsque certaines positions ou mouvement réduisent la douleur, il ne faut pas hésiter à s’en servir pour mieux gérer les symptômes pendant que l’orage passe ! Il est aussi très important d’éviter le déconditionnement en cessant de faire toutes nos activités. Les gens qui demeurent actifs (en prenant parfois des pauses lorsque nécessaire) présentent généralement un meilleur pronostic de guérison ! 


Les exercices thérapeutiques


Il n’est absolument pas nécessaire de cesser toutes nos activités pour se remettre d’un épisode de sciatique ! Au contraire, les exercices thérapeutiques réalisés en clinique de soin ou à la maison font partie intégrante des protocoles pour aider à gérer un épisode de sciatique.


L’exercice peut parfois provoquer de légères douleurs et cela n’est pas néfaste à votre guérison. Si cette augmentation de douleur demeure légère et qu’elles s’estompent dans une période de 24 heures, vous pouvez continuer à réaliser vos exercices et activités physiques sans problème. Si la douleur se périphérise de manière importante ou si elle perdure plus de 24 heures, il est souvent mieux de revoir la sélection d’exercices et de faire des essais avec des mouvements différents.


Il est aussi important de demeurer actif physiquement après l’épisode de sciatique : les recherches montrent que l’exercice physique à un effet préventif sur le nombre et sur l’intensité d’éventuelles rechutes d’épisodes sciatiques.


Et si la sciatique revient ? 

Une fois guéri, même en faisant tout comme il faut, il est possible de vivre des épisodes occasionnels de ré-occurrence de douleur sciatique. En effet, certaines douleurs musculosquelettiques sont parfois épisodiques. Demeurer optimiste et actif physiquement permet de réduire la fréquence et la sévérité de ces épisodes. De plus, il est nécessaire de se rappeler que la douleur est un phénomène multifactoriel et qu’elle peut être influencé par plusieurs choses : le manque de sommeil, la dépression, l’alimentation, le stress vécu, la qualité des relations sociales, les positions statiques prolongés, la présence de maladies sous-jacentes ou de comorbidités, etc.  Dans un cas de douleur persistant, il est toujours pertinent de refaire le tour de la question et de considérer toutes les autres facettes qui peuvent contribuer à un état de mal-être qui perdure. 


L’importance de la santé générale

Pour prévenir les radiculopathies, les études révèlent que plusieurs facteurs de risques concernent l’état de santé général. Le tabagisme, l’obésité, l’hypertension, l’hypercholestérolémie, le diabète de type 2 et, finalement, le fait de réaliser un métier qui demande une sollicitions importante et soutenue du dos (lire ici un métier physique, pas un travail de bureau) ont été démontré comme augmentant les possibilités de développer un premier épisode de radiculopathie. Autrement dit, adopter de saines habitudes de vie aide grandement à prévenir cette problématique. 

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En conclusion


La sciatique est une pathologie commune qui, bien que parfois très désagréable, présente un bon pronostic de guérison. Pendant la crise, plusieurs modalités peuvent être employés pour réduire la douleur et demeurer le plus fonctionnel possible. L’exercice physique thérapeutique représente une partie centrale de la bonne gestion de cette problématique.


Pour une sciatique qui perdurerait dans le temps depuis plus de six semaines, dont les symptômes sont difficiles à soulager ou si votre état s’aggrave, il est important de consulter votre médecin. 


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Nicolas Blanchette pratique l’ostéopathie et la kinésiologie avec son équipe Ostéo-Solution sur la Couronne Nord de Montréal. Vous pouvez prendre rendez-vous directement en ligne.




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