Arthrose de la hanche et du genou : mieux comprendre et gérer les symptômes
- Nicolas Blanchette, Ost, B.sc kin
- il y a 5 jours
- 8 min de lecture

L’arthrose constitue la pathologie articulaire la plus fréquente. Elle touche particulièrement les membres inférieurs, surtout les articulations de la hanche et du genou.
Au niveau biologique, l’arthrose se caractérise par une dégradation progressive du cartilage, une inflammation sousjacente et une altération de la structure de l’os souschondral. Forme d’usure articulaire, l’arthrose résulte d’un déséquilibre entre le processus de régénération et celui de dégradation des tissus qui compose l’articulation.
Même si elle fait partie du processus normal de vieillissement, l’arthrose est plus complexe que ce l’on a tendance à croire : elle est influencée à la fois par des facteurs biomécaniques, métaboliques et inflammatoires. Il est important de savoir que présenter de l’arthrose à la radiographie n’est pas nécessairement gage de souffrance.
La douleur vécue et les répercussions sur les fonctions varieront beaucoup selon la gravité de la pathologie, l’âge, l’activité physique pratiquée, les habitudes de vie et la présence ou non de comorbidités métaboliques. Qui plus est, plusieurs modalités peuvent être employées afin de réduire la douleur et d’améliorer la qualité de vie de ceux et celles qui présentent de l’arthrose de la hanche et/ou du genou.
Signes et symptômes
Contrairement à la pensée populaire, l’arthrose, c’est plus complexe que de la simple usure. D’ailleurs, au niveau activité physique, l’arthrose touche davantage les ‘’extrêmes’’ du continuum d’exercice. C’est-à-dire, elle affecte à la fois les gens qui pratiquent de l’activité physique de manière intensive et (trop) fréquente… de même que ceux qui n’en pratique pas du tout (ou pas assez!).
L’arthrose symptomatique de la hanche se caractérise avant tout par de la douleur dans la région de l’aine. Il est fréquent que celle-ci irradie vers la face avant de la cuisse ou sur le côté externe de la fesse et de la cuisse. La mobilité de la hanche se retrouve graduellement réduite : par exemple, il peut devenir difficile de croiser la jambe ou de s’asseoir en tailleur.
La diminution de l’amplitude de mouvement en rotation interne de la hanche (envoyer le genou vers la ligne médiane du corps) est souvent le premier signe d’apparition de l’arthrose à cette articulation.
Au niveau du genou, la douleur peut être ressentie un peu partout autour de l’articulation, quoiqu’il soit plus fréquent d’avoir mal sur la face avant. La douleur peut être augmentée lors d’activité sollicitant davantage le genou comme la montée d’escalier ou la station debout prolongée. Une perte de capacité à fléchir le genou, ou un genou qui enfle périodiquement, peuvent mettre sur la piste de cette problématique.
Pour les deux articulations, il est fréquent que la douleur s’intensifie à l’effort et s’améliore au repos. Toutefois, celle-ci réveille rarement la nuit, contrairement aux arthrites de type d’inflammatoire (comme la polyarthrite rhumatoïde, par exemple).
Les raideurs matinales sont communes et généralement de durée assez brève, rarement plus de 30 minutes (encore une fois, en contraste avec les maladies inflammatoires qui, elles, mettent souvent considérablement plus de temps avant que la douleur ne diminue).

En mettant l’articulation en mouvement, les raideurs articulaires en lien avec l’arthrose s’atténuent habituellement. Il est également fréquent d’entendre des bruits articulaires (crépitements) plus souvent en raison de l’irrégularité des surfaces articulaires et à la présence de bulles de gaz dans le liquide synovial (le lubrifiant articulaire, en quelque sorte).
Toutefois, pas de panique, entendre des bruits articulaires au niveau de la hanche et du genou demeure quelque chose de très fréquent, même chez les gens présentant des articulations qui ne sont pas touché par l’arthrose.
Finalement, il est aussi possible que l’arthrose entraîne une modification de la posture : un genou qui dévie vers l’intérieur (valgus) ou vers l’extérieur (varus), un bassin qui s’incline sur un côté ou l’autre ou encore une arche plantaire inhabituellement élevé ou abaissée.
Ces modifications de position, appelés postures antalgiques, se produisent lorsque notre système nerveux cherche à répartir les pressions pour diminuer le stress imposé sur une articulation douloureuse. Des modifications de la démarche, comme une boiterie, peuvent aussi être retrouvées.
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Comment le diagnostic est-il posé?
Le diagnostic, posé par le médecin, repose sur l’association de l’historique clinique, de l’examen physique et les résultats d’examens complémentaires comme la radiographie, l’échographie ou l’imagerie par résonnance magnétique. La mise en commun de ces éléments permet de confirmer la présence d’arthrose et de surveiller sa progression.
Que peut faire la personne qui souffre d’arthrose de la hanche ou du genou pour améliorer sa situation ?
La prise en charge de l’arthrose de la hanche ou du genou doit être multimodale et individualisée. Les recommandations de l’International Osteoarthritis Society (OARSI) et de l’American College of Rheumatology (ACR) soulignent l’importance des approches non pharmacologiques en première ligne, particulièrement des interventions au niveau de l’activité physique.
Exercice physique adapté
L'activité physique est essentielle pour les personnes souffrant d'arthrose du genou ou de la hanche, car elle aide à réduire la douleur, améliorer la fonction articulaire et ralentir la progression de la pathologie. L’activité physique cardio-vasculaire promeut la circulation sanguine locale et systémique, ce qui aide à lubrifier les articulations et à réduire l’inflammation qui peut être présente au niveau articulaire. Les activités à faible impact représentent souvent de bonnes options : marche, natation, ski, vélo, aqua-forme, etc.
Les recommandations générales suggèrent de viser 150 minutes d'activité physique d'intensité légère à modérée (comme la marche rapide) par semaine, réparties sur plusieurs jours. Cela équivaut à environ 30 minutes d'exercice, cinq jours par semaine.
Il est conseillé de commencer par de courtes séances, par exemple 5 à 10 minutes par jour, puis d'augmenter progressivement la fréquence, puis la durée et finalement l'intensité, tout en contrôlant la douleur.
Les exercices de renforcement comme la musculation présentent également un effet protecteur sur les articulations. On voudra ainsi sélectionner des exercices qui permettent de renforcer les muscles des cuisses, des fesses et du tronc. Réaliser de courtes séances d’environ 30 minutes, 2 fois par semaine est souvent suffisant pour expérimenter des effets positifs.
Les recherches montrent que ces bénéfices se manifestent le plus souvent après une période de 8 à 12 semaines. Il faut donc se montrer quelque peu patient, mais cela en vaut la peine !

Gestion du poids et des facteurs métaboliques
L’arthrose n’est pas toujours symptomatique. Pourquoi ? Cela semble dépendre du milieu dans lequel l’articulation baigne. En effet, les revues systématiques de la littérature récente montrent une association forte entre la présence de protéine c-réactive (marqueur inflammatoire) dans les échantillons sanguins et le fait de présenter de la douleur sur une articulation touchée par l’arthrose. Ainsi, certains facteurs métaboliques peuvent faire en sorte que les niveaux d’inflammation demeurent plus élevés de manière soutenue (inflammation de bas grade), rendant ainsi l’arthrose plus susceptible d’être symptomatique.
Perdre du poids : chaque kilo en moins diminue de 4 fois la charge articulaire sur le genou. Les études soutiennent qu’une perte de 5–10 % de son poids corporel améliore nettement la douleur et la fonction chez les gens qui souffre d’arthrose du genou et de la hanche.
Contrôler le diabète et la dyslipidémie : l’inflammation systémique de bas grade impliquée dans ces conditions de santé favorise la dégradation cartilagineuse.
Opter pour une alimentation variée riche en produits non-transformés : une consommation élevé d’aliments ultra-transformés est associé à des niveaux d’inflammation plus élevé.
Thérapie manuelle
La thérapie manuelle, incluant les mobilisations articulaires (glissements, tractions), les manipulations ostéopathiques et les techniques de tissus mous tels que le relâchement myofasciales peuvent souvent se révéler un intéressant complément pour les gens avec de l’arthrose symptomatique qui emploient déjà la stratégie de l’exercice adapté. Pourquoi? Ces méthodes permettent de stimuler les récepteurs mécaniques, d’atténuer la douleur via les voies descendantes inhibitrices du système nerveux, et de possiblement améliorer la circulation synoviale et la nutrition du cartilage articulaire. Les études randomisées montrent une réduction de la douleur de 20–40 % à court terme et une amélioration de l’amplitude articulaire chez les participants recevant de la thérapie manuelle en combinaison avec un programme d’exercice comparée à l’exercice seul.
Aides à la marche et adaptations ergonomiques
Plusieurs stratégies peuvent être employées pour faciliter la locomotion et ainsi permettre de demeurer actif et de profiter des bénéfices de l’exercice physique régulier. Utiliser une canne (du côté opposé à la hanche douloureuse) ou un déambulateur par exemple. Porter des semelles ou des orthèses plantaires pour répartir différemment les pressions sur le genou peut souvent aider, tout comme réaménager son domicile pour faciliter certaines tâches : des barres d’appui placer à des endroits stratégiques, ou un siège pour la douche s’il est difficile de rester debout trop longtemps, par exemple.

Médication
La prise de médicament peut permettre de réduire la douleur temporairement, ce qui peut faciliter la réalisation d’exercice physique nécessaire à la prise en charge de cette pathologie de manière optimale. L’acétaminophène et les anti-inflammatoires peuvent représenter de bonnes options à cet égard. Les infiltrations de cortisone peuvent aussi être employées pour gérer la douleur, bien que la littérature montre qu’il faudrait éviter que cela soit fait à répétition pour préserver l’intégrité du cartilage le plus possible.
La viscosuppléance est un autre type d’injection pouvant présenter certains bénéfices pour faciliter la reprise du mouvement. Consultez toujours votre médecin ou votre pharmacien avant de modifier ou d’ajouter un médicament.
Quand avoir recours à une opération chirurgicale ?
La chirurgie est généralement envisagée en cas d’échec prolongé (période supérieure à 12 mois) des traitements conservateurs fait de manière assidue, si l’arthrose est avancée et si la qualité de vie est significativement diminuée. Selon l’évaluation du chirurgien orthopédique, des options possibles sont la prothèse totale, l’ostéotomie de décharge (patient plus jeune) ou l’arthroscopie. La prise en charge chirurgicale s’accompagne d’une rééducation postopératoire très importante pour optimiser la récupération fonctionnelle.
Conclusion
L’arthrose de la hanche et du genou est une pathologie dont la prise en charge doit être individualisée et multimodale. Il est possible de la prévenir dans une certaine mesure en adoptant de saines habitudes de vie : être actif physiquement de manière raisonnable, ne pas fumer, s’alimenter adéquatement et avoir une bonne hygiène de sommeil.
Les traitements non chirurgicaux, notamment l’activité physique adapté et la correction des facteurs métaboliques (perte de poids, habitudes de vie), constituent la première ligne et peuvent retarder significativement la progression de la maladie ou de ses symptômes. La chirurgie reste une solution de dernier recours qui permet souvent d’améliorer la qualité de vie pour la majorité des patients sélectionnés.
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Nicolas Blanchette pratique l’ostéopathie et la kinésiologie avec son équipe Ostéo-Solution sur la Couronne Nord de Montréal. Vous pouvez prendre rendez-vous directement en ligne.
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