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Reprendre le contrôle sur les céphalées cervicogéniques

Maux de cou et maux de tête : voilà deux causes de consultations très fréquentes ! Bien qu’encore incomplètement élucidée, cette association souvent retrouvée entre les céphalées (maux de tête) et les cervicalgies (maux de cou) est parfois classée comme un problème à part entière sous le terme céphalées cervicogéniques. Dans ce cas, il s’agit d’un trouble de nature cervical dont les symptômes seraient à la fois des raideurs, inconforts et limitation de mouvement possibles au niveau du cou, mais également des épisodes de maux de tête et des douleurs faciales référées.  

Signes et symptômes

Certains auteurs (tels que Sjaastad et Frederiksen) ont tenté de regrouper les manifestations qui pourraient mettre sur la piste de ce type de cervicalgie. En comparaison avec d’autres maux de tête, la douleur, bien qu’elle puisse être parfois intense, est décrite comme étant davantage ‘’sourde’’ et ‘’prolongée’’.


Elle n’est pas pulsatile (comme un battement) et n’arrive pas par salve (coups). Bien plus souvent, elle affecterait un seul même côté du cou et de la tête. Quant au cou, le plus souvent, c’est la partie cervicale haute, près de la base de la tête, qui est l’épicentre de la sensibilité, bien que l’inconfort puisse parfois se propager dans la région du haut du dos et de l’omoplate. Il est encore plus fréquent que la douleur irradie vers l’arrière de la tête, puis le front et finalement l’orbite.


La douleur peut parfois être amplifiée lorsque l’on fait un mouvement brusque comme éternuer ou tousser. En pratique clinique, il est encore plus évident que l’on fait face à ce type de problème si un travail manuel de détente des tissus mous cervicaux atténuent les symptômes de la céphalée. 


Comment un mal de cou peut-il donner des maux de tête ?


L’organisme humain est fascinant et complexe. Pendant longtemps, on a cru que les réseaux nerveux du visage et ceux du cou constituaient des voies distinctes fonctionnant séparément. L’éminent neurochirurgien Frederick Kerr, (1923-1983) a été l’un des premiers à brillamment démontré en détails que ces réseaux communiquaient. Ainsi, il a pu mettre en lumière le fait que le faisceau dorsal des nerfs trijumeaux, une paire de nerfs très important pour les sensations du visage, (aussi appelé nerf V pour 5e nerf crânien) communiquait et se fondait dans la substance grise des trois premiers niveaux cervicaux (C1-C2-C3). 


Le nerf trijumeau, de chaque côté du visage, se divise en trois branches : ophtalmique (V1), maxillaire (V2) et mandibulaire (V3). Chaque branche nous permet de percevoir des sensations dans différentes partie du visage (le nerf mandibulaire fait aussi fonctionner les muscles qui nous permettent de bouger la mâchoire et de manger). Intéressant pour le cas des céphalées cervicogéniques : certaines terminaisons de la division ophtalmique du nerf trijumeau chevaucheraient les nerfs près des racines cervicales. Ceci permettrait d’expliquer anatomiquement que les irritations des structures cervicales hautes puissent se manifester comme de la douleur dans la région orbitaire (de l’œil).  


Expériences de provocations

Différentes structures anatomiques, lorsqu’on les irrite expérimentalement sur des volontaires, ont été retrouvé comme pouvant provoquer de la douleur référée au niveau du visage (Piovesan et coll, 2024).

Elles sont étonnamment variées. C’est le cas des articulations facettaires (point de jonction des vertèbres entre elles), des nerfs grands occipitaux, des disques intervertébraux, de plusieurs muscles du cou (trapèze, splénius, sterno-cléido-occipito-mastoïdien, etc) ainsi que des tissus mous entre les apophyses épineuses des vertèbres (les petites pointes que l’on peut palper à l’arrière de notre cou). 


Par exemple, chez des sujets asymptomatiques (sans douleurs), des injections de solution saline provocatrice dans les muscles du cou situés à hauteur des trois premières vertèbres cervicales ont produites non seulement des symptômes cervicaux, mais aussi des maux de tête et des symptômes faciaux près de l’orbite (Schmidt-Hansen et coll,2006).


Par ailleurs, un rhumatologue et ostéopathe français avant-gardiste, le Dr. Robert Maigne (1923-2012) a permis de mettre en lumière la relation entre certaines zone douloureuse du visage lorsqu’on pince et roule doucement la peau (le sourcil et l’angle de la mâchoire) et la sensibilité vertébrale retrouvée à la palpation.


Selon ses expériences, différentes techniques de thérapie manuelle ostéopathique se révèleraient efficaces pour réduire à la fois la sensibilité cervicale, de même que la manifestation référée au niveau du visage.  


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Quelles peuvent être les causes de céphalées cervicogéniques?


Elles peuvent être de nature physique, psycho-émotives ou mixtes (Walters et coll, 2023). Un niveau d’anxiété ou de stress élevé est connu comme étant un élément facilitateur de plusieurs problématiques musculosquelettiques et celle-ci n’y fait pas exception. Dormir régulièrement moins de 7 heures par nuit peut également faciliter l’apparition de ces céphalées.


Au niveau postural, elle pourrait être associé à trop de temps passé dans une même position qui implique une sollicitation importante de la musculature du cou : devant un ordinateur portable, par exemple. En effet, avec la concentration et la fatigue, nous avons tendance à projeter notre tête vers l’avant par rapport à nos épaules. Au fil du temps, cette posture génère davantage de fatigue sur les structures postérieures de notre cou.


Dans ma pratique, je constate qu’un travail de bureau dans un environnement stressant est souvent une tempête parfaite pour des céphalées cervicogéniques!



Pistes de solutions 

La gestion du stress physique et psychologique semble importante pour réduire la fréquence et la sévérité des céphalées cervicogéniques. Si l’on travaille à l’ordinateur, il est primordial d’intégrer des micro-pauses pendant lesquelles, idéalement, nous mettrons notre cou et nos bras en mouvement.


Ces mouvements peuvent être variés : mobilisations, étirements, exercices légers, etc. Les bienfaits des micro-pauses sont validées scientifiquement (Albulescu et coll, 2022). Les recommandations sur la durée et la fréquence varient : on suggère par exemple 2-3 minutes de mouvements pour chaque 30 minutes de travail statique (Radwan et coll, 2022). Mais l’important est surtout de commencer à intégrer des pauses actives dès que possible. On peut y aller graduellement : une petite pause au milieu de l’avant-midi, au dîner, et au milieu de l’après-midi pour commencer.


Ces pauses ‘’en mouvement’’ permettront d’oxygéner les muscles cervicaux qui travaillent de façon statique pendant plusieurs minutes et évitera de sursolliciter certaines structures cervicales qui pourraient ensuite montrer des signes d’irritation.


De plus en plus d’études démontrent qu’il n’est pas nécessaire de viser une ergonomie de bureau parfaite, mais qu’il faut plutôt chercher à varier les positions et bouger davantage au courant de la journée pour réduire les douleurs articulaires (Waters et coll, 2015). 


Ensuite, puisque le stress psychologique est lui-aussi fréquemment impliqué, il est important de développer des outils pour non seulement bien gérer, mais aussi pour évacuer ce stress périodiquement. La thérapie manuelle, en permettant de détendre le corps et d’apaiser l’esprit, est fréquemment efficace pour réduire les symptômes de ce type de céphalées. L’automassage, avec ses mains ou un accessoire, peut être enseigné comme modalité d’auto-traitement à la maison.


La méditation, les étirements, le yoga et les exercices de respiration peuvent être, eux aussi, très utiles. L’activité physique régulière est très importante. Toute activité physique est souhaitable et bénéfique (il faudrait viser à en faire au moins 20 minutes par jour, comme de la marche rapide), mais l’activité physique de haute intensité (un sprint de 30 secondes sur un vélo stationnaire ou frapper sur un sac de boxe, par exemple) est particulièrement efficace pour évacuer un surplus d’anxiété ! Les activités en groupe apportent également de nombreux bénéfices en ajoutant un élément social à l’exercice. 



Exercices de renforcement 

Voici des exemples d’exercices isométriques (sans mouvement) pour la région cervicale qui ne nécessitent aucun équipement particulier. Ils permettent de globalement activer et renforcer la musculature cervicale en s’intéressant aux différents mouvements de cette région. La routine au complet ne prend que 6 minutes à réaliser. 

  • Chaque exercice sera réalisé pour 6 répétitions de 10 secondes chacune. 

  • On recommande de les réaliser une à deux fois par jour. 

  • Si vous expérimenter de la douleur pendant l’exécution des exercices, celle-ci devrait être légère (ne pas dépasser 3/10 par exemple). 

  • Doser l’effort vous permettra de vous assurer de bien contrôler la douleur.  

  • Vous pouvez réaliser les exercices en position assise ou debout. 

Extension:

Placez vos deux mains jointes derrière votre tête. Contractez les muscles de vos bras comme pour pousser le cou vers l’avant. Résister le mouvement en engageant les muscles de votre cou. 


Flexion: Placez les paumes de vos mains contre votre front. Poussez avec vos bras comme pour envoyer le cou vers l’arrière et résister pour maintenir la position de départ. 


Inclinaison:

Placez la paume de la main droite contre le côté droit de votre tête. Poussez avec la main comme pour apporter la tête vers l’épaule gauche. Contractez les muscles de votre cou pour maintenir la position de départ. Faites la même chose avec votre main gauche.

 

Rotation:

Placez votre main droite sur le côté droit de votre tête. Poussez avec la main comme pour faire tourner la tête vers la gauche, mais résister le mouvement pour maintenir une position neutre. Faites la même chose de l’autre côté. 


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Nicolas Blanchette pratique l’ostéopathie et la kinésiologie avec son équipe Ostéo-Solution sur la Couronne Nord de Montréal. Vous pouvez prendre rendez-vous directement en ligne.




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Références

Bellavance, André. Les céphalées d’origine cervicale, Le Médecin du Québec, 2002

Autres sources dans le texte 

 

1 Comment


Gussie Herman
Gussie Herman
il y a une heure

Your thoughts on handling complex headaches really struck a chord with me. I used to collaborate with a physio clinic that had a tough time turning their professional website content writing services into easy-to-understand guides for patients dealing with similar issues. Just like your take on cervical problems, their updated content had to find that sweet spot between being medically accurate and accessible. For health professionals out there: how do you tailor your technical expertise for various audiences while still keeping the crucial details intact?


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